Amanda revient de la rencontre semestrielle avec les enseignants et s’assoit dans la cuisine de leur nouvelle maison d’Habitat pour l’humanité, sur la réserve de la Première Nation de Tobique. Sa benjamine, Miyah, attire son attention et lui montre un ballon qui flotte dans un coin du plafond depuis l’anniversaire de son frère, la semaine précédente. Miyah ne lâche pas sa mère. Colton, son frère âgé de huit ans, joue dehors au hockey-balle. Au milieu du bruit de petits pieds qui vont et viennent, et des portes qui s’ouvrent et qui se ferment, Amanda rit en s’exclamant que la maison est toujours pleine d’enfants du quartier.

« Dans notre nouvelle maison, la cuisine est mon endroit préféré, signale-t-elle, nous adorons recevoir de la famille –depuis notre emménagement, je crois que la maison est pleine chaque fin de semaine. »

Plus jeune, Amanda avait quitté la réserve des Premières Nations de Tobique pour aller étudier et travailler. Maintenant qu’elle a deux jeunes enfants, elle estime important de les élever dans sa communauté natale. Elle veut qu’ils connaissent leur patrimoine et leur famille. C’est là, sur cette réserve où vit encore la plus grande partie de sa famille, qu’elle-même a vu le jour et a grandi.

Mais depuis 13 ans, aucune maison n’avait été construite sur la réserve de la Première Nation de Tobique, ce qui n’arrange pas le problème de surpopulation de la réserve, plusieurs générations vivant souvent sous le même toit. Au Canada, sur les réserves, mais aussi à l’extérieur, les membres des peuples autochtones sont confrontés à de graves pénuries de logements. Bon nombre d’entre eux vivent donc dans des logements surpeuplés, inadéquats et insalubres.

Quand ils sont revenus sur la réserve, Amanda et Phil ont vécu chez la mère d’Amanda pendant deux mois avant de trouver un logement de deux chambres à coucher à l’extérieur de la réserve des Premières Nations de Tobique. À quatre, cet appartement était plus spacieux que chez la mère d’Amanda, mais quand même trop petit. Elle ne se sentait pas en sécurité à cet endroit et espérait qu’il s’agissait d’une situation temporaire. Toutefois, aucune habitation ne se construisait sur la réserve et elle ne savait pas à quoi s’attendre. Son rêve de revenir aux sources avec sa petite famille risquait d’échouer.

« Un jour, j’ai aperçu une affiche annonçant qu’Habitat Fredericton allait bâtir une maison ici et cherchait des candidats. Je n’ai jamais rempli de formulaires aussi rapidement! Puis j’ai croisé les doigts. J’ai prié, et prié, et prié encore pour que nous ayons cette chance », raconte Amanda.

Maintenant, Amanda et sa famille sont en train de s’installer dans leur nouvelle maison Habitat. Ils y ont apprêté et peint les murs eux-mêmes pendant leurs heures de bénévolat – 500 en tout.

Leur nouvelle maison Habitat est à un coin de rue de chez la mère d’Amanda, et Colton, qui avait des difficultés scolaires à Fredericton, obtient maintenant de bons résultats à l’école de cette réserve d’environ 2 500 habitants. Le cas d’Amanda et de sa famille prouve à quel point le modèle de partenariat et d’accès abordable à la propriété d’Habitat peut alléger la crise du logement qui touche les communautés autochtones du Canada.

À la demande de son fils, Amanda songe maintenant à cultiver un potager sur son terrain.

« La semaine dernière, à l’épicerie, il me montrait tout ce que nous pourrions faire pousser nous-mêmes. Il aimerait planter un pommier. Je trouve que c’est une excellente idée. Je me souviens des arbres qui poussaient près de chez ma mère tandis que je grandissais. Et maintenant, quand je lui rends visite, je vois ces grands arbres et je me souviens combien ils étaient petits quand j’étais enfant, et je mesure tout le chemin que ma famille et moi-même avons parcouru pour revenir aux sources. Je souhaite la même chose à mon fils – je veux qu’il regarde ce pommier, et que chaque fois il se dise qu’il est ici chez lui. »

Pour en savoir plus sur les partenariats d’Habitat avec les communautés autochtones sur les réserves et à l’extérieur, veuillez consulter notre site Web, à habitat.ca/IHP.